Prochain webinaire | 10 étapes essentielles pour les rédacteurs·rices
À l'occasion de la Journée Internationale des Femmes le 8 mars, nous souhaitons mettre en lumière une figure inspirante de notre entreprise : Michèle, développeuse web. Rejoignant l'équipe en tant que stagiaire, Michèle s'est rapidement distinguée par son talent et sa passion, devenant une membre incontournable de notre équipe de développement : un domaine souvent dominé par les hommes. En cette journée spéciale, nous voulons connaître son parcours unique et ses expériences en tant que femme dans le secteur technologique.
Parcours personnel et professionnel :
Michèle, pourrais-tu nous parler un peu de ton parcours avant de rejoindre WEDO ?
J’ai fait des études en communication visuelle à la Haute école d’Art de Berne où j’ai obtenu un bachelor en 2016. J’ai ensuite commencé ma vie professionnelle en tant que graphiste dans une agence fribourgeoise. Même si cette expérience était vraiment chouette et formatrice, j’ai vite compris que l'impression n’était pas ma tasse de thé. Je me suis donc tout naturellement dirigée vers une agence de communication digitale où j’ai eu la chance d’explorer différents domaines qui m’intéressaient comme le motion design, la création de site web, la vidéo, etc. L’envie de me former comme il se doit dans le domaine de la programmation a pris de plus en plus d’ampleur et je me suis donc inscrite à la formation du Wagon en 2020 et ensuite à l’École 42 à Lausanne en 2021. Après deux ans de formation intense dans cette école d’un nouveau genre, j’ai terminé avec succès le tronc commun du cursus. Afin de valider cette première partie de formation, nous devons réaliser un stage dans une entreprise et c’est à cette occasion que j'ai débarqué chez WEDO.
Quels ont été tes premiers pas dans le développement web ?
Pour répondre à cette question, il faut retourner dans les années 90. À cette époque, tout adolescent digne de ce nom avait un petit espace d’expression en ligne : un skyblog. Si je n'échappe pas à cette règle, je trouvais cette plateforme beaucoup trop limitée alors du haut de mes 13 ans, j'ai suivi des tutoriels pour apprendre à créer mon propre site web en HTML, CSS et JavaScript. À l’époque, je dessinais déjà beaucoup et je commençais à m’intéresser à tous les outils de création disponibles (montage photo et vidéo, peinture numérique, etc.).
Le web est tout simplement devenu pour moi un nouveau moyen de créer et surtout un moyen de partager mes créations dans un espace qui me ressemble au lieu d’utiliser une plateforme déjà toute faite.
Quels ont été les facteurs de motivation pour te lancer dans une carrière IT ?
C’est un mélange de plusieurs choses. Tout d’abord, comme j’aimais bien les math et l’IT à l’école obligatoire, je me suis toujours demandée ce qui se serait passé si j’avais choisi de faire des études en IT au lieu d’une école d’art. J’avais envie de savoir si j’en étais capable. Ensuite, je pense que j’ai un grand besoin de comprendre comment les choses fonctionnent. Le fait de créer des designs pour des sites web et de collaborer avec des développeurs quand j’étais graphiste m’a donné l'envie de comprendre ce qu’ils faisaient. Et pour finir, faire cette formation était pour moi un bon moyen de m’engager pour la cause des femmes. J’aimerais encourager les femmes et toute autre minorité de genres à s’intéresser à l’IT, car je suis convaincue que ce milieu à grand besoin de diversité.
Expériences en tant que femme dans le secteur technologique :
Dans ton école d'informatique ainsi que dans tes anciens posts, as-tu souvent été la seule (ou presque) femme ?
Je suis passée d’un domaine majoritairement féminin à un domaine majoritairement masculin. En école d’art, les classes étaient majoritairement représentées par des femmes. Dans le métier de graphiste, je dirais que la répartition des genres est assez équilibrée. En école d’informatique, par contre, l’écrasante majorité des élèves sont des hommes. L’École 42 a un pourcentage de femmes légèrement supérieur aux écoles d'ingénierie classiques (19%).
As-tu rencontré des défis spécifiques dans ce domaine majoritairement masculin ? Ou au contraire, des opportunités ?
Je pense qu’il y a surtout des défis, et que même les quelques “avantages” que l’on peut avoir en tant que femmes, représentent des défis. C’est un milieu assez bienveillant et tout le monde souhaite un meilleur équilibre entre les genres. Il y a bien entendu des difficultés que tous et toutes rencontrent en se lançant dans des études informatiques. Mais être une femme dans un domaine masculin, alors qu’on est en phase de reconversion et qu’on n’a pas baigné dans une culture IT, c’est une lutte permanente et invisible contre soi-même. L’un des principaux freins est le manque de modèle. Autour de nous, il y a peu de femmes à qui on peut se référer et s’inspirer, et on finit par se demander si on peut y arriver (bonjour le syndrome de l’imposteur). Rares sont les femmes qui ont grandi dans un environnement dans lequel on les incitait à s’intéresser à l’IT. Il se crée alors un fossé avec les personnes qui ont baigné dedans dès leur enfance. Même si ce problème est indépendant du genre, je pense que tout ce qui nous entoure (films, séries, entourage, etc.) nous donne l’impression qu’une femme peinera devant son ordinateur et devra demander de l’aide à un homme qui, lui, s’y connait en informatique. Cela mène à deux phénomènes problématiques quand on tente de se former : 1. les femmes n'osent pas demander de l’aide pour éviter de participer à ce cliché, et 2, les hommes viennent plus souvent demander aux femmes si elles ont besoin d’aide (bonjour le syndrome du sauveur).
Estimes-tu que cette disparité dans la représentation des genres est problématique ?
C’est là une thématique à laquelle j’ai fréquemment été confrontée et qui m’agace. “Toi, tu es une femme, alors tu trouveras plus facilement du job que moi avec les quotas” ou alors “Elle, elle a réussi le concours d’entrée de l’école juste pour qu’il y ait assez de femmes dans les statistiques”. Premièrement, non, ce n’est pas plus facile de passer le concours d’entrée de 42 en tant que femme. Mais c’est une question qui m’a longtemps fait douter de mes capacités. Et ensuite pour la question des quotas, c’est un principe assez problématique, car les entreprises qui cherchent absolument à remplir des quotas de femmes vont engager des profils au détriment des compétences et cela renforce l’idée que les femmes sont moins capables de faire de l’IT. Je pense que le seul réel “avantage” à être une femme dans la tech, est que la plupart des gens nous soutiennent. Les gens qui évoluent dans ce milieu sont contents que tu t’y intéresses. Je me suis vraiment sentie soutenue tout au long de mon parcours.
Motivations et aspirations :
Où vois-tu ta carrière dans le futur ? As-tu des objectifs ou des aspirations spécifiques ?
C’est une question difficile à répondre pour le moment. Mon objectif principal était de voir si j’étais capable de faire des études dans l’IT et maintenant que j’y suis arrivée, je ne suis pas très sûre de la prochaine étape. Ces dernières années, j’ai priorisé mes études en mettant de côté ma fibre artistique. Je me rends compte aujourd’hui que cela me manque et mon souhait est donc de trouver ma juste place entre la technique et la création.
Perspectives sur la programmation et la Technologie :
Quels aspects de la programmation te passionnent le plus ?
Ce qui me passionne, c’est la programmation qui donne un résultat visuel. Par exemple, le projet de 42 qui m’a le plus passionnée est celui où on a dû faire du raytracing, un programme qui calcule un rendu 3D. Pour chaque pixel de l’image, il faut calculer s'il y a un objet, de quelle couleur il est, s'il y a une ombre, si c’est un miroir ou s'il est transparent, etc. Pendant des semaines entières, j’étais scotchée à mon ordinateur, je me suis sentie inarrêtable. Durant mon stage, j'ai également remarqué que si je peux intervenir sur des aspects visuels de WEDO, je le fais avec plus d’aisance. Mon empathie entre dans le processus en me demandant comment rendre l’utilisation de l’application plus agréable pour l’utilisateur.
Comment vois-tu l'évolution de ton rôle dans le monde en constante évolution de la technologie ?
En effet, la technologie avance vite et pour moi, il est important que les femmes fassent partie de cette évolution. On ne peut pas se permettre de passer à côté de ces outils qui sont en train de façonner le monde. On doit faire partie de leur élaboration, se les approprier. Les IA sont à peine arrivées qu'elles ont déjà des biais de genre, car elles sont nourries par des data qui creusent les inégalités : “garbage in, garbage out”. Je n’ai pas de vision précise sur l’évolution de mon rôle dans tout ça, mais j’aimerais simplement continuer à m’y intéresser et si j’arrive à motiver d’autres femmes à s’y intéresser, c’est super !
Conseils et inspirations :
Quels conseils donnerais-tu à d'autres femmes aspirant à entrer dans le secteur technologique ?
Foncez ! Vous en êtes tout à fait capables et vous y avez absolument votre place ! Il n'y a aucun risque à tenter l'aventure, même si les ordinateurs ne vous ont jamais passionnée, que les jeux vidéo ne sont pas votre hobby, ou que vous n'avez jamais entrepris de démonter un ordinateur, entre autres. Le milieu de la tech est très vaste et il est certain que vous y découvrirez un domaine qui suscite votre intérêt. Si c’est la programmation qui vous attire particulièrement, il y a une multitude de langages et d'outils à votre disposition. Face à cette abondance, il est normal de se sentir un peu submergée et indécise sur le point de départ. Mon conseil serait de sélectionner un langage de programmation, quel qu'il soit, pour débuter et vous permettre de déterminer si la programmation vous passionne réellement.
Y a-t-il des figures féminines dans le domaine technologique qui t’inspirent ou t’ont influencée ?
Bien sûr ! On pense que l’IT a toujours été un domaine masculin et que les femmes ne s’y sont pas intéressées, mais c’est faux. C’est en fait un domaine qui s’est masculinisé, mais à la base, c'était du 50/50. D’ailleurs, la première personne à avoir créé un programme est une femme : Ada Lovelace. Elle a tout de même inventé la boucle While ! Si les premiers ordinateurs ont été construits par des hommes, ce sont des femmes qui ont créé les premiers logiciels qui les faisaient fonctionner. Ensuite, il y a Hedy Lamarr qui était actrice et qui a décidé de participer à l’effort de guerre en inventant un système de téléguidage de missile et qui a servi de base à l’invention du Wifi et du GPS. Lire sa biographie m’a vraiment inspiré (et énervé). Pour un exemple plus contemporain, je citerai Isabelle Collet qui est informaticienne et dont j’ai été voir une conférence très instructive et inspirante sur l’influence du genre dans l’IT. Sinon dans mon entourage proche, la seule femme que je connaissais quand j’étais plus jeune et qui fait de l’IT est la mère d’une amie et je l’ai toujours admirée pour ça. Je pense que maintenant, toutes les femmes que je connais personnellement de près où de loin et qui sont dans la tech, m’inspirent. Pour finir, je suis particulièrement attristée que dans les films, séries, livres, etc., il y ait si peu de figures féminines dans la technologie. Le personnage le plus emblématique qui m’a inspiré est Abby de NCIS.
Réflexions sur la diversité et l'inclusion :
Selon toi, pourquoi est-il important d'avoir plus de diversité, notamment de genre, dans le domaine de la technologie ?
L’année passée, j’ai lu dans le journal qu’ils avaient fait, pour la première fois, des tests de crash de voiture avec un mannequin féminin. Donc environ 120 ans après son invention, on s'est dit que ça serait bien de voir si un corps féminin réagissait différemment d’un corps masculin à un crash de voiture et donc, comprendre comment mieux le protéger en cas d’accident. L’app santé d’Apple n’a longtemps pas eu de fonctionnalité liée aux menstruations alors que c’est un facteur extrêmement important pour la santé des femmes. Ces exemples sont pour moi de bonnes raisons pour lesquelles il faut absolument de la diversité dans les équipes qui créent ces outils. Sans diversité, on risque de créer des outils qui ne sont pas adaptés à tout·e·s. La diversité pousse à penser autrement et à être plus créatif. Par exemple, nous avons la chance chez WEDO de compter une personne daltonienne dans l’équipe de développement. Cela permet de prendre des décisions pratiques et inclusives lorsque l’on doit choisir des couleurs pour l’interface.
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