Vous avez essayé les tableurs, les fils d’e-mails, voire même les boules magiques, mais les projets stagnent, les priorités s’entrechoquent et les délais vous surprennent toujours. Si cela vous parle, il est temps de revoir votre méthode et d’examiner deux approches éprouvées : Kanban et Scrum. Ces deux systèmes font partie de l'approche agile, utilisée en développement produit et en gestion de projet, avec un objectif commun : apporter de la clarté dans le chaos.
Scrum vous propose des sprints : des intervalles courts et fixes durant lesquels un groupe défini (Product Owner, Scrum Master, équipe de développement) s’attaque à un ensemble de tâches, puis fait le point et s’adapte lors d’une revue de sprint. Un rythme cadré.
Kanban vous propose un tableau : des colonnes représentant les étapes du travail, une limitation des tâches en cours, et un flux régulier. Aucun rôle n’est figé ; l’équipe ajuste ses règles au fil de l’apprentissage.
Dans cet article, nous allons explorer ces deux méthodes, comparer leurs rôles, rituels et outils, et vous aider à choisir celle qui convient au rythme de votre équipe.
Qu’est-ce que Scrum ?
La méthodologie Scrum organise le travail en périodes limitées dans le temps, généralement de deux à quatre semaines, permettant ainsi aux équipes de livrer des mises à jour en continu par petits morceaux. L’objectif est simple : découper les grands projets en blocs gérables, suivre les progrès régulièrement et s’adapter rapidement.
Des rôles bien définis
- Product Owner : Gère le backlog, fixe les priorités et répond aux questions liées aux besoins.
- Scrum Master : Accompagne l’équipe dans les pratiques Scrum, élimine les obstacles et protège l’équipe des distractions.
- Équipe de développement : Groupe pluridisciplinaire qui conçoit, construit, teste et livre les éléments du projet.
Ces rôles sont non négociables : pas de rôles hybrides, pas de “Scrum Master à mi-temps”. Une répartition claire des responsabilités garantit l’engagement de chacun.
Artefacts clés
- Product Backlog : La liste principale de toutes les fonctionnalités, corrections de bugs et tâches techniques, classées par valeur et urgence.
- Sprint Backlog : Un sous-ensemble du product backlog sélectionné pour le sprint en cours, avec les objectifs de sprint et l’effort estimé.
- Increment : L’ensemble des éléments terminés à la fin d’un sprint. Chaque incrément doit respecter la définition de « terminé » (Definition of Done) de l’équipe.
Événements essentiels
- Sprint Planning : Déterminer le contenu du sprint. Le Product Owner présente les éléments prioritaires, l’équipe de développement s’engage en fonction de sa capacité.
- Daily Scrum : Un point quotidien de 15 minutes. Chaque membre répond à trois questions : Qu’ai-je fait hier ? Que vais-je faire aujourd’hui ? Ai-je des obstacles ?
- Sprint Review : Présenter l’incrément aux parties prenantes, recueillir leurs retours et ajuster le backlog produit.
- Sprint Retrospective : Faire le bilan du sprint, identifier des axes d’amélioration et définir des ajustements pour le prochain.
Cadence et échéances
Les sprints imposent un rythme régulier. Comme leur durée est fixe, vous bénéficiez d’un cycle prévisible : vous savez exactement quand aura lieu la prochaine revue de sprint, et les dates d’échéance sont clairement définies. Cela facilite les prévisions et donne à l’équipe un rythme de travail clair.
Indicateurs
- Vélocité : Nombre moyen de points d’histoire réalisés par sprint. Sert à anticiper la charge de travail future.
- Burndown Chart : Suivi du travail restant dans le sprint, permettant de voir si l’équipe est dans les temps.
Scrum est particulièrement adapté lorsque vous avez besoin de structure, de rôles bien définis, de points de contrôle réguliers et d’échéances claires. Ce n’est pas une baguette magique, mais c’est une méthode rigoureuse que de nombreuses équipes trouvent précieuse.
Qu’est-ce que Kanban ?
Kanban est une méthode agile centrée sur la visualisation des tâches et la gestion du flux de travail. Elle est née dans le secteur industriel, puis adaptée au développement logiciel et produit. Contrairement à Scrum, Kanban ne repose pas sur des itérations fixes ni sur des rôles prédéfinis.
Principes fondamentaux
- Visualiser le travail
- Utilisez un tableau Kanban avec des colonnes (par ex. « Backlog », « En cours », « Relecture », « Terminé »).
- Chaque carte représente une tâche : fonctionnalité, correction de bug, action…
- Limiter le travail en cours (WIP)
- Fixez une limite explicite du nombre de cartes par colonne.
- Cela évite la surcharge de l’équipe et met en évidence les goulets d’étranglement.
- Gérer le flux de travail
- Suivez la durée passée par les cartes dans chaque étape (temps de cycle).
- L’objectif est un flux régulier et prévisible.
- Rendre les règles explicites
- Définissez des critères d’entrée et de sortie pour chaque colonne.
- Cela clarifie les attentes au sein de l’équipe.
- Mettre en place des boucles de retour
- Organisez des revues régulières (hebdomadaires ou bimensuelles) pour inspecter le flux et les processus.
- Ajustez les limites WIP ou les règles selon les données et les retours de l’équipe.
- Amélioration continue
- Utilisez des indicateurs comme le temps de cycle ou le lead time pour identifier des axes d’amélioration.
- Encouragez chaque membre à proposer des ajustements au processus.
Tableaux Kanban et éléments de travail
Un tableau Kanban typique contient des colonnes correspondant aux étapes du flux de travail. Les cartes avancent de gauche à droite :
Backlog | Prêt | En cours | Relecture | Terminé |
---|
- Éléments de travail : chaque carte inclut une description, un responsable, et éventuellement une date d’échéance.
- Swimlanes (lignes horizontales) : optionnelles, elles permettent de séparer visuellement différents types de travail ou niveaux de priorité (ex. « Urgent », « Maintenance », « Nouvelle fonctionnalité »).
Indicateurs clés
- Temps de cycle : temps écoulé entre « En cours » et « Terminé ».
- Temps de traversée (Lead Time): temps entre l’entrée dans le backlog et la finalisation.
- Rendement (Throughput) : nombre de cartes terminées sur une période donnée.
Souplesse et rôles
Kanban ne prescrit pas de rôles comme Product Owner ou Scrum Master. Les membres de l’équipe se partagent la responsabilité du travail et des améliorations. Des rôles peuvent être introduits au besoin, mais la méthode repose avant tout sur l’adaptabilité.
Variantes de Kanban
- Kanban pour les équipes opérationnelles : axé sur la réponse rapide aux demandes entrantes — idéal pour les équipes de support.
- Changement évolutif : commencez par votre processus actuel, superposez un tableau Kanban, puis faites-le évoluer progressivement.
Kanban est particulièrement adapté aux contextes où les priorités changent fréquemment, où les tâches varient en taille, et où l’on cherche une vue claire du flux sans les contraintes des sprints fixes. L’amélioration continue y est intégrée, permettant d’affiner les pratiques pas à pas.
Principales différences entre Kanban et Scrum
Maintenant que nous avons présenté chaque méthode, revenons sur leurs principales différences, sans reprendre tous les détails.
Structure et rôles
Scrum impose un cadre structuré : un Product Owner responsable du backlog, un Scrum Master garant du processus, et une équipe de développement qui livre à chaque sprint. Ces rôles restent fixes jusqu’à la fin du sprint.
Kanban, lui, ne fixe aucun rôle obligatoire. Tout membre de l’équipe peut tirer une tâche, ajuster les règles ou accompagner les collègues. Tant que chacun sait qui fait quoi, la répartition des responsabilités peut être plus fluide.
Cadence et planification
Les sprints de Scrum sont des intervalles fixes avec des objectifs verrouillés et des dates d’échéance définies. Cette régularité agit comme un métronome pour la planification.
Kanban repose sur un flux continu : les éléments avancent indépendamment sur un tableau persistant. Les dates d’échéance sont fixées carte par carte, et les priorités peuvent être modifiées à tout moment, tant que les limites de WIP sont respectées.
Gestion du tableau
Dans Scrum, le tableau est réinitialisé à chaque sprint : les tâches terminées sont supprimées, de nouvelles sont ajoutées, et on recommence.
En Kanban, le tableau est permanent : les colonnes restent en place, et les cartes circulent jusqu’à leur achèvement. Cette vue continue permet d’identifier facilement les tâches longues ou les blocages récurrents, sans tout reconstruire régulièrement.
Gestion du changement
Les sprints protègent la concentration en figeant le périmètre en cours de cycle. En cas de bug urgent, il faut attendre le prochain sprint ou déclarer une exception.
Avec Kanban, c’est ouvert en continu : vous pouvez ajouter, retirer ou re-prioriser des cartes à tout moment, tant que la limite de travail en cours n’est pas dépassée. Une souplesse précieuse en cas d’imprévus.
Mesure du succès
Les équipes Scrum suivent leur vélocité (points d’histoire par sprint) et utilisent des burndown charts pour voir si les objectifs seront atteints. Ces métriques aident à prévoir les prochains sprints.
Les équipes Kanban s’appuient sur des indicateurs de flux :
- Temps de cycle (de « En cours » à « Terminé »),
- Temps de traversée (de la demande à la livraison),
- Rendement (nombre d’éléments terminés dans une période).
- Ces chiffres montrent la fluidité du travail et les points à optimiser.
Rythme d’amélioration continue
Les deux méthodes valorisent l’apprentissage. Scrum concentre l’inspection et l’adaptation dans la rétrospective de sprint.
Kanban favorise des ajustements continus : réunions régulières d’amélioration ou discussions spontanées. Les règles et limites évoluent dès que les données ou l’intuition le suggèrent.
En résumé, si vous recherchez un cadre structuré avec des sprints délimités dans le temps, des rôles définis et des échéances calées sur le calendrier, Scrum est fait pour vous.
Si vous avez besoin de flexibilité, d’une vue continue des tâches et de la possibilité d’ajuster votre cap à tout moment, Kanban est probablement la meilleure option.
Quand utiliser Scrum
Choisissez Scrum lorsque votre projet bénéficie de jalons clairs, de points de contrôle réguliers et de rôles bien définis. Si vous avez besoin d’un Product Owner pour prioriser le backlog, d’un Scrum Master pour protéger l’équipe des distractions, et d’une équipe de développement concentrée sur un sprint de travail, Scrum vous offre la structure nécessaire.
Scrum est particulièrement efficace dans les projets de développement produit où les fonctionnalités s’appuient les unes sur les autres. Vous pouvez planifier une série de sprints (généralement de deux à quatre semaines), avec des dates d’échéance alignées sur les livraisons ou les revues avec les parties prenantes. La sprint review offre un moment formel pour présenter le travail, recueillir du feedback et ajuster le backlog produit pour le prochain sprint.
Les équipes qui apprécient la prévisibilité sont aussi attirées par Scrum. La vélocité (nombre moyen de points réalisés par sprint) permet d’estimer combien de sprints seront nécessaires pour finaliser les éléments. Si respecter des dates précises est crucial (lancement marketing, exigence réglementaire, étape clé du produit), la planification des sprint reviews offre des repères fiables.
Scrum est aussi un bon point de départ pour les équipes qui découvrent l’agilité. Les cérémonies définies — planification de sprint, daily Scrum, revue de sprint, rétrospective — instaurent un rythme répétitif rassurant. Ce cadre aide les équipes encore peu familières avec l’amélioration continue à analyser leur fonctionnement et à s’adapter.
En résumé, si votre activité nécessite un rythme structuré, des échéances prévisibles et des rôles formels comme Product Owner et Scrum Master, Scrum est probablement la meilleure option.
Quand utiliser Kanban
Kanban est idéal lorsque le travail arrive de manière imprévisible, que les priorités changent fréquemment ou que les tâches sont très variables en taille. Si votre équipe gère des tickets de support, des demandes de maintenance ou des corrections urgentes, le flux continu de Kanban permet de traiter rapidement les urgences sans attendre le prochain sprint.
Vous configurez un tableau Kanban, définissez les étapes correspondant à votre processus et appliquez des limites de travail en cours (WIP). Cela vous évite de vous surcharger : si la colonne « En cours » est pleine, vous devez terminer une carte avant d’en commencer une autre. En faisant avancer les cartes vers la droite, vous mesurez le temps de cycle et le lead time pour repérer les blocages et fluidifier le flux.
Kanban est particulièrement adapté lorsque vous :
- Avez besoin de flexibilité sur les dates : pas de sprint à date fixe, vous fixez les échéances par élément et les ajustez au fil du temps.
- Souhaitez limiter la charge administrative : pas de cérémonies obligatoires (planification, daily, revue), même si vous pouvez en reprendre certaines si elles vous aident.
- Visez une amélioration continue : les boucles de rétroaction régulières, comme des revues de flux hebdomadaires ou des rétrospectives rapides, permettent d’ajuster les règles, les colonnes ou les limites WIP dès qu’un problème est identifié.
- Privilégiez la transparence visuelle : un tableau Kanban persistant donne une vue claire sur les tâches en cours, les blocages, et ce qui arrive ensuite — sans reconstruire le tableau à chaque cycle.
Dans les équipes de développement où la réactivité est clé, Kanban s’impose naturellement. Il vous aide à équilibrer la demande avec la capacité, à rendre visibles les problèmes de flux, et à vous améliorer de manière continue, ajustement après ajustement.
Combiner Scrum et Kanban : Scrumban
Parfois, la meilleure solution se trouve entre deux extrêmes. Scrumban combine le rythme structurant de Scrum avec l’approche en flux continu de Kanban, offrant un cadre sans sacrifier la flexibilité.
Pourquoi choisir Scrumban ?
- Vous appréciez les sprints pour la planification et les revues, mais vous souhaitez la fluidité de Kanban pour gérer les interruptions.
- Votre équipe doit limiter le travail en cours pour éviter le multitâche, tout en continuant à mesurer la vélocité pour les parties prenantes.
- Vous souhaitez conserver des rétrospectives régulières, tout en pouvant ajuster rapidement les limites WIP ou les règles du tableau.
Comment fonctionne Scrumban ?
- Planification de sprint “light”
- Au début du sprint, sélectionnez quelques éléments de travail prioritaires, sans remplir un backlog complet.
- Utilisez cette réunion pour fixer des objectifs, tout en laissant la place à de nouvelles cartes si de la capacité se libère.
- Tableau Kanban avec limites WIP
- Conservez un tableau persistant avec des colonnes reflétant votre flux de travail.
- Appliquez des limites WIP dans les étapes clés comme « En cours » ou « Relecture » pour favoriser la concentration et finaliser les tâches.
- Daily Standups
- Gardez le point rapide quotidien : Qu’ai-je fait hier ? Que vais-je faire aujourd’hui ? Ai-je des blocages ?
- Utilisez le tableau pendant ces points pour rendre visibles les blocages et les avancées.
- Sprint reviews et rétrospectives
- Organisez des revues de sprint pour présenter les livrables terminés et recueillir des retours.
- Tenez des rétrospectives pour identifier des ajustements, à la fois au niveau du sprint et des règles continues de Kanban.
- Indicateurs de flux et vélocité
- Suivez le temps de cycle et le lead time pour repérer les ralentissements dans le flux.
- Vous pouvez également mesurer la vélocité des éléments terminés pour faciliter les prévisions, sans vous surengager.
Quand adopter Scrumban ?
- Votre équipe maîtrise Scrum mais a besoin de plus d’agilité pour gérer les imprévus.
- Vous avez dépassé le cadre strict des sprints et souhaitez intégrer l’amélioration continue au quotidien.
- Vous devez trouver l’équilibre entre prévisibilité (échéances, revues de sprint) et adaptabilité (limites WIP, priorités dynamiques).
Scrumban peut servir de passerelle : les équipes Scrum peuvent intégrer progressivement les principes de Kanban, tandis que les équipes Kanban peuvent adopter des rythmes de sprint pour améliorer la planification et l’implication des parties prenantes.
En combinant routines et maîtrise du flux, Scrumban crée un hybride capable de s’adapter aux exigences du terrain sans ajouter de lourdeur inutile.
Conclusion
Scrum et Kanban apportent chacun de la structure au chaos du développement produit. Choisir entre les deux n’est pas une question de bon ou de mauvais choix, mais de pertinence. L’un propose des cycles planifiés et des rôles bien définis, l’autre un tableau vivant basé sur le tirage des tâches et un rythme adaptable. Et si vous avez besoin à la fois de prévisibilité et de flexibilité, Scrumban combine points de planification et gestion en flux continu.
WEDO permet de passer de la théorie à la pratique. Avec des tableaux Kanban intégrés, des outils de planification de sprint, des workflows personnalisés et des analyses en temps réel — le tout hébergé en Suisse — WEDO centralise chaque tâche, réunion et échéance. Que vous organisiez une revue de sprint, ajustiez votre flux de travail ou suiviez le temps de cycle, WEDO s’adapte à votre méthode pour que votre équipe se concentre sur l’essentiel : faire avancer les choses.
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